Prostitution : une réforme nécessaire en France
Voilà 60 ans que la prostitution
est interdite en France. Vous comprenez, ce sont pour les gens immoraux, « cachez
moi ces prostitués que je ne saurais voir » (mais que beaucoup de
personnalités y compris politiques vont les voir, cf Felix Faure). Alors comme
toute activité interdite, elle devient souterraine, mal contrôlée et surtout
récupérée par les milieux mafieux ou louches.
Pourtant, les prostitués payent
des impôts ! Voilà tout le paradoxe français : pas de statut légal,
mais taxées quand même.
Conséquences de tout cela :
Au pire des cas, des réseaux mafieux
ou de trafic humain se constituent, les prostitués se cachent, vivent dans la
précarité, sont exploités par des gens qui menacent de les dénoncer à la police
(qui plus est si elles sont étrangères et en situation irrégulière). Si on
ajoute que les conditions de travail sont déplorables (froid, humidité, saleté
et travail à la chaine) et dangereuses, tant point de vue hygiène que physique
(couteau, violence : laquelle va oser se plaindre de se faire agresser car
le client ne voulait pas payer la prestation ?).Et les vrais coupables ne
sont jamais inquiétés et amassent tout l’argent.
Au « meilleur » des
cas, c’est une manière d’arrondir les fins de mois, que ce soit pour les mères
célibataires ou les
étudiantes (2% des étudiantes se prostituent en France, soit 40 000
contre 10% en Angleterre). Ne pouvant payer le loyer ou financer ses études,
certaines font ce choix qui rapporte beaucoup plus que d’être caissière de
supermarché le samedi. Est-ce condamnable si c’est un choix ? Est-ce
plus condamnable que d’utiliser son corps dans les métiers de charme comme
strip teaser ou danseuse de revue ? (je ne veux pas faire l’amalgame).
Mais même dans ce cas là, elles
doivent exercer en se cachant : par internet, petites annonces déguisées
ou soirées privées. Les mêmes problèmes se posent dans ce cas : comment
prévenir tout danger d’un homme qui abuserait physiquement d’elles ou serait
violent pour ne pas payer ?
Dans ces deux cas, je suis pour
le rétablissement officiel de l’acte sexuel, reconnu comme tel, à l’instar des
Pays Bas, en Belgique ou en Allemagne.
Dans le 1er cas, cela
permettrait de garantir une sécurité aux filles, avec des lieux bien définis
d’exercice de la profession, avec paiement à l’entrée, chambres propres et
personnelles, gardes de sécurité pour intervention en cas de violence ou
problème, équipe médicale permettant information,
prévention et aide d’urgence, voire même accompagnement psychologique. Les passes
donneraient lieu à horaires légaux, salaire, couverture sociale et congés
payés.
Dans le second cas, il
permettrait d’éviter certaines dérives et serait un métier comme un autre. Il
permettrait de se faire de l’argent comme Julie,
35 ans, mariée 2 enfants, qui s’est prostitué en Belgique pendant 7 étés (de 20
à 27 ans) pour payer ses études. Elle dit ne rien regretter, au contraire, elle
est contente d’avoir pu éviter rue et proxénètes.
Dans tous les cas, cela
permettrait d’arrêter cette hypocrisie (tout le monde connait plus ou moins, y
compris la police, où sont les « bois à prostitués ») tout en
améliorant les conditions de travail et le contrôle de cette économie
souterraine. Il faudrait pour cela se faire délivrer un visa pour l’ouverture
d’une maison close. Une maison close a de plus l’avantage de ne pas choquer les
enfants, à condition d'interdir toute marque extérieure et toute publicité racoleuse. Au
passage, l’Etat pourrait vraiment arrêter toutes les prostitués en dehors des lieux officiels: actuellement, la prostitution est tolérée car nécessaire, quoiqu'on en dise, notamment pour limiter les viols conjugaux ou pas. Mais surtout, il pourrait augmenter ses recettes.
Mais le pays est-il prêt, à l’heure où le politiquement correct et l’hypocrisie des discours étouffe toute possibilité de débat ?