Noël: sondage, histoire et mercantislisme
Selon un sondage effectué pour la
BBC, moins de la moitié des enfants britanniques âgés de 7 à 11 ans savent que
Noël célèbre la naissance de Jésus. Plus exactement, 44% des 1.063 enfants
interrogés savent que Noël renvoie à la naissance du Christ. Les jeunes
Nord-Irlandais sont plus instruits en la matière, 71% d'entre eux donnant la
bonne réponse.
La grande majorité des enfants
(89%) se disent excités par Noël, 63% d'entre eux économisant de l'argent pour
acheter des cadeaux à leurs proches. Les mères sont récompensées par 16% des
enfants, les pères par seulement 7%. 66% des jeunes essaient d'être justes et
de donner autant à chacun des deux parents.
Parmi les enfants interrogés, 29%
estiment que Noël consiste d'abord à penser aux autres et 24% qu'il s'agit de
donner plutôt que de recevoir.
Noël serait-il un simple moment mercantile, le
tout sous le patronage du bonhomme barbu aux couleurs de Coca Cola ?
Il est vrai qu'on ne voit
pratiquement plus de crèches.. Même si l'on n'est pas croyant, la religion
catholique et chrétienne de manière générale fait partie de notre culture et a
très fortement modelé nos valeurs et notre civilisation.
Alors, Noël, nouvel Halloween, fête
religieuse balayée par le mercantile ?
C’est l’occasion de se replonger
dans l’histoire..
Date(s) de la naissance de Jésus
Aucun texte dans les évangiles ne
précise la période de l'année où a eu lieu cet événement. C'est le pape Liberus
qui décide en 354 que Noël sera fêté le 25 décembre et qui codifie les
premières célébrations pour pouvoir assimiler les fêtes populaires et païennes
célébrées autour du solstice d'hiver. Cette nouvelle date est rapidement
adoptée en Orient et depuis la fin du IVe siècle, elle supplante la date
antique du 6 janvier.
Seule l'Église arménienne a
conservé l'usage ancien de fêter ensemble, le 6 janvier, à la fois la Nativité,
l'Adoration des mages et le Baptême du Christ. Le 6 janvier, les Églises
d'Orient fêtent aujourd'hui le Baptême du Christ et les Occidentaux l'Adoration
des mages, événements liés à l'avènement du Christ dans le monde.
De Saint Nicolas..
A la base, il y avait donc Saint
Nicolas, un persécuté du IVe siècle, ayant sauvé de la mort trois enfants. Son
pendant est le père Fouettard qui punit les enfants désobéissants.
Dès le XIIe siècle, une tradition
païenne voulait que, pour exorciser la peur de l'obscurité, les jeunes hommes
se grimaient et allaient de maisons en maisons pour quémander des offrandes. Le
vieux qui présidait ce cortège, est appelé « Noël ».
Au Moyen Âge, l'Église catholique
décide de remplacer les figures païennes par des saints. Saint Nicolas est
alors présenté comme le saint protecteur des enfants. En mémoire, le 6 décembre
de chaque année, Saint Nicolas va alors de maison en maison pour offrir des
cadeaux aux enfants sages.
À la Réforme, les protestants
luthériens, qui rejettent le rôle patronal des saints, remplacent saint Nicolas
par l'enfant Jésus, à qui l’on attribuait les cadeaux de la nuit de Noël.
… au père Noel
Au Pays-Bas, Saint Nicolas se
transforme après la Réforme en un personnage semi-laïc, Sinter Klaas.
Au XVIIIe siècle, les
souverains allemands entament un processus de laïcisation : c'est le
retour du vieil homme de Noël qui distribue en traîneau des sapins décorés de
cadeaux.
Parallèlement, les États-Unis
adoptent la coutume néerlandaise de fêter saint Nicolas. Il s'agit alors d'un
vieillard à barbe blanche portant un manteau à capuchon. Moralisateur, il
récompensait les enfants sages et punissait les dissipés (le père fouettard
disparait). Progressivement, cette « fête des enfants » est
rapprochée de la célébration de la nativité.
Le 23 décembre 1822, le pasteur
américain Clement Clarke Moore publie un poème intitulé A Visit from St
Nicholas, dans lequel il présente saint Nicolas comme un lutin sympathique,
dodu et souriant, qui distribue des cadeaux dans les maisons et se déplace sur
un traîneau volant tiré par huit rennes. Ce poème a joué un rôle très important
dans l'élaboration du mythe actuel. C'est
vers 1850 que le passage de la célébration de la Saint-Nicolas à celle de Noël
se fixe au Royaume-Uni, en lien avec Charles Dickens et ses « Livres de
Noël ».
De 1860 à 1890, Thomas Nast,
illustrateur et caricaturiste du journal Harper's Illustrated Weekly,
illustra par des centaines de dessins tous les aspects de la légende de Santa
Claus et donna au mythe ses principales caractéristiques visuelles : un
petit bonhomme rond, la pipe au coin de la bouche comme un Hollandais,
recouvert de fourrure. Il établit en 1885 la résidence du Père Noël au pôle
Nord. Coca Cola n’aura fait que reprendre un personnage déjà connu pour illustrer
ses pubs, mais il ne l’a pas inventé.
En France, les catholiques, qui
depuis longtemps s'échangeaient des petits cadeaux le soir de Noël en l'honneur
de la naissance du Christ, résistèrent longtemps au « père Noël »,
patronyme qui désignera le personnage popularisé en France par les Américains à
la fin de la Seconde Guerre mondiale.
On le voit donc, l’évolution a
été lente et marquée par un chassé-croisé permanent entre fêtes païennes et fêtes
religieuses. Une évolution montre bien cependant le glissement vers une nouvelle
phase païenne : aujourd'hui, le Père Noël est également utilisé le 25
décembre, dans des pays n'ayant pas de tradition chrétienne, tels que la Chine,
comme outil de vente et comme occasion de faire des cadeaux, de décorer la ville
et de réunir la famille.
Est-ce un bien, est-ce un mal ?
A la limite, peu importe, du moment que chacun y trouve son compte. Mais il est
toujours intéressant de se pencher sur les raisons et l’Histoire, pour mieux
éclairer le présent.