Lecture d’un roman
Je ne sais pas vous, mais pour moi, c’est un véritable plaisir de lire des
romans, notamment dans les transports. Un livre, c’est un élément qui nous transporte,
nous sort du quotidien.
A chaque fois, un procédé se déroule, quasi immuable quand je décide d’attaquer
une nouvelle « aventure ».
Au début est le choix : comment se fait-il que j’ai ce livre entre les
mains ?
La plupart du temps, c’est un hasard.
A la base, il s’agissait d’aller fouiller dans la bibliothèque familiale,
surtout fournie en enquêtes policières/thriller.
Puis plus grand, je vais me procurer ma subsistance à la médiathèque
municipale. Je sais ce qui me plait tout particulièrement : les romans d’aventure/espionnage/enquêtes
policières avec une préférence toute particulière pour les romans se déroulant
à une période historique donnée (Égypte, Empire Romain, Byzantin, Moyen-âge,
Viking, XVIIe siècle, belle époque.. etc). Car en plus d’apporter du suspens ou
de l’aventure, il apporte une foule de petits détails sur la vie quotidienne,
sur des détails historiques, des anecdotes qui étanchent ma soif de savoir.
Me voilà donc dans les rayons à regarder les titres, les noms d’auteurs, à
me laisser guider par le hasard, à lire les 4e de couverture et à
arrêter mon choix sans plus de réflexion, laissant mon instinct faire le choix
définitif.
Ce peut-être également un livre que l’on m’a offert ; faisant un choix
pour moi (mais ce choix est souvent orienté) ou un prêt, une suggestion. Là
encore, je suis rarement déçu, c’est même l’occasion de m’ouvrir.
Une fois le choix fait, il s’agit de commencer le livre. Pourtant, la
manière de l’appréhender, de l’apprivoiser est un lent processus. Les
personnages, le cadre doivent se mettre en place. Il est parfois difficile de « rentrer »
dans le livre, le style et l’accroche sont parfois primordiaux. Il m’est arrivé
d’avoir envie de refermer le livre et de ne jamais le continuer mais ça ne m’est
arrivé qu’une seule fois de le faire effectivement (un livre de Moravia).
Une fois cet apprivoisement fait, c’est parti ! Impossible pour moi de
m’arrêter au milieu du gué. Je veux savoir la suite, il m’arrive même de
trouver cela chouette que mon train n’arrive pas à l’heure ou qu’il y ait de l’attente,
c’est dire. Les personnages sont présents dans ma tête, j’essaye de deviner
pourquoi le personnage X a fait ça, que cache tel événement ? Que doit
faire le héros ? j’adore en particulier tenter de découvrir le dénouement
des romans de Serge Brussolo, mais je n’y arrive jamais, son esprit est trop
tordu ou génial pour ça !
Et puis arrivent les dernières pages, quand on sent qu’il ne reste plus que
ces 30 ou 50 maigres pages, celles où tout devra se terminer, où les
conclusions et le masque vont tomber, où il faudra se séparer des
protagonistes, les laisser aller, imaginer la suite de leurs pérégrinations. C’est
une petite mort que de les abandonner, et l’on a bien du mal à se dire que ce
qui vient de se dérouler sous nos yeux n’est qu’une partie de leur « vie »,
on en voudrait plus mais il faut les laisser se reposer. C’est aussi le moment
où je repense aux débuts du livre avec nostalgie : « si j’avais su
les apprivoiser plus vite », à faire défiler les événements depuis le
début, « tiens mais au fait, quand Y a fait ça à X, en fait, ça voulait
dire que.. ».
Et puis vient le manque : plus de livre, plus rien pour meubler ces
instants de transport ou d’attente, la veille encore loués, mais désormais
détestés..
Et il est encore trop tôt pour faire une infidélité aux personnages et
commencer un autre roman, ce serait d’une part tromper ceux avec qui on vient
de partager tant de choses, et risquer de passer à côté d’une belle histoire en
commençant une nouvelle aventure avec des personnages qui paraitront peut-être
plus fade, souffriront de la comparaison et n’auront pas toute la place qui
leur est due dès le départ.
C’est pour cela que je laisse souvent au moins 48h entre deux lectures,
afin de pouvoir terminer le processus d’assimilation et de « deuil »
(si l’on peut appeler cela comme ça) ou d’acceptance pour mieux replonger dans
une autre histoire passionnante par la suite !
Et en général, je choisis un(e) auteur(e) et des périodes historiques complètement
différentes lors de ce changement, pour ne pas comparer ou être lassé du style
narratif..
Et puis, parfois, avec un peu de chance, retrouver ces personnages dans d’autres
aventures !